mardi 23 octobre 2012

Enquête sur le surpoids, la consommation de drogues, d'alcool et la sexualité des jeunes Québécois

L'Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire 2010-2011 est la première étude socio-démographique à se pencher sur cette question. Le coup de sonde a été effectué auprès d'un très grand échantillon : 63 000 jeunes de 470 écoles secondaires publiques et privées partout au Québec (à l'exception des écoles amérindiennes et esquimaudes des Terres-Cries-de-la-Baie-James et du Nunavik).

Embonpoint et obésité

L'une des conclusions des chercheurs qui risquent de peser lourd sur le système de santé à long terme est le nombre grandissant d'élèves en surpoids : 14 % des élèves québécois souffraient d'embonpoint et 7 % étaient obèses en 2010-2011 alors qu'en 2004, la proportion était de 12% et 4% respectivement. À Montréal, la proportion de garçons avec un surplus de poids est de 27 %.

« On parle de plus en plus de la surcharge que les maladies chroniques engendrent sur le système de santé. Mais chez les gens qui ont aujourd'hui 60-70 ans, il n'y en avait pas d'obésité dans leur temps ! Alors ces jeunes-là, lorsqu'ils vont vieillir, leur surpoids risque de s'accroître, alors on ne peut qu'imaginer la surcharge future sur le système de santé, les coûts de santé et même la productivité », a expliqué Line Mongeau, conseillère principale en saines habitudes de vie au ministère de la Santé.

Cette hausse n'est pas sans lien de leurs mauvaises habitudes alimentaires, souligne Mme Mongeau. Environ 36 % des garçons avaient mangé de la malbouffe dans un restaurant ou un casse-croûte 3 fois ou plus dans la semaine précédente. Près du tiers des étudiants consomment par ailleurs des boissons sucrées, des friandises au moins une fois par jour. Près de 40 % des étudiants ne déjeunent pas tous les matins avant d'aller à l'école et seulement le tiers consomment de 6 à 8 portions de fruits et légumes par jour comme le recommande le Guide alimentaire canadien.

Notons par ailleurs que 24 % des adolescents sont sédentaires et que seulement le tiers bougent suffisamment.

Poids optimal chez les élèves de familles bien éduquées, nées au Canada, aisées

Les données de l’enquête indiquent une relative stabilité du surpoids chez les élèves quel que soit le niveau scolaire. Mais l'on note la prévalence du surplus de poids chez les garçons vivant au sein d’une famille monoparentale (29 %) que dans famille intacte (24 %). Le statut pondéral est associé au lieu de naissance de  l’élève chez les filles uniquement. On note surtout que la prévalence de l’insuffisance de poids est plus élevée  chez les filles nées à l’extérieur du Canada (17% c.  12%, nées au Canada).Pour ce qui est du lieu de naissance des parents, il ressort que les garçons dont aucun parent n’est né au Canada sont plus nombreux, en proportion, à avoir un poids insuffisant que ceux dont les deux parents y sont nés (11% c. 7%). La prévalence du poids normal est également inférieure chez ces garçons (61%). Chez les filles, l’insuffisance de poids est plus fréquente chez celles dont un seul parent est né au Canada (18% c. 11%, aucun ou deux parents nés au Canada).

Le statut pondéral est également associé au plus haut niveau de scolarité des parents, au statut d’emploi de  ceux-ci, à la perception qu’a l’élève de sa situation  financière ainsi qu’à l’indice de défavorisation matérielle et sociale.

La drogue et l'alcool plus que le tabac

L'usage du tabac continue de reculer chez les jeunes du secondaire, tant chez les garçons que chez les filles. L'étude révèle qu'en 2010-2011, 11 % des élèves étaient fumeurs de tabac, alors que la proportion se situait à 30 % en 1998 et 15 % en 2008.

Toutefois, les jeunes du secondaire sont plus nombreux à consommer des drogues illégales que du tabac. Et ils sont plus nombreux à fumer de la marijuana que la cigarette.

Environ 12 % des élèves sont considérés comme ayant eu une consommation « régulière » de drogue, c'est-à-dire au moins une fois par semaine durant au moins un mois. Le quart des élèves du secondaire ont admis avoir fumé du cannabis au cours des 12 mois précédents alors que 9 % en consomment au moins une fois par semaine. Environ 9% des élèves ont consommé de l'ecstasy, 7 % des amphétamines et 6 % des hallucinogènes.

La majorité (63 %) des élèves du secondaire ont déjà consommé de l'alcool. Parmi eux, 41 % ont connu une consommation jugée «excessive» (5 consommations ou plus). L'étude révèle par ailleurs que 10% des élèves ont bu de l'alcool avant l'âge de 12 ans.

Alcool, moins à risque dans familles intactes, étrangères et où un seul parent travaille

On remarque avant tout que la consommation d'alcool est plus faible chez les jeunes qui vivent dans une famille intacte biparentale (56 %), par rapport à ceux qui vivent dans une famille reconstituée ou dans l’un ou l’autre des « autres » types de situation familiale  (dans les deux cas, 70 %).

La proportion de ceux ayant consommé de l’alcool au cours de la période de référence est plus élevée chez ceux qui sont nés au Canada (61 %) que chez ceux nés à l’extérieur du Canada (43 %). Quant à la proportion de consommateurs associée au statut d’emploi des parents, elle est plus élevée chez les jeunes dont les parents occupent un emploi, soit 61 %, comparativement à 57 % des élèves dont un seul parent a un emploi et à 55 % de ceux dont aucun parent n’a un emploi.

Sont proportionnellement plus nombreux à avoir bu de l’alcool au cours de la dernière année les jeunes qui ont un emploi rémunéré (71 %) ou un emploi rémunéré en plus d’un emploi familial non rémunéré (62 %) que ceux qui n’ont pas d’emploi rémunéré (54 %) ou d’emploi familial non rémunéré (50 %).

En 2010-2011, environ 68 % des élèves qui s’estiment « sous la moyenne » de leur classe ont pris de l’alcool au cours de la période de référence, comparativement à 62 % de ceux se considérant « dans la moyenne » et à 54 % de ceux qui se jugent « au-dessus de la moyenne ».

Également, les élèves qui fréquentent l’école en français sont plus nombreux, en proportion, à avoir bu de l’alcool dans la dernière année que ceux qui fréquentent les écoles anglophones (60 % c. 53 %).

Drogues, moins à risque dans familles intactes, nées à l'étranger, aisées, éduquées

Environ 45 % des élèves vivant dans un milieu familial dit « autre » – sans présence parentale – ont consommé de la drogue dans la dernière année, ce qui s’avère être une proportion plus élevée que chez les autres élèves. Il est à noter que les élèves de famille intacte biparentale (21 %) sont les moins nombreux, en proportion, à avoir consommé de la drogue dans les 12 derniers mois.

Concernant le lieu de naissance de l’élève et des parents, l’EQSJS indique qu’environ 17 % des élèves nés à l’extérieur du Canada ont fait usage de la drogue pendant cette période, relativement à 26 % des élèves nés au Canada. Par ailleurs, les élèves dont aucun parent n’est né au Canada sont des usagers de drogues dans une proportion de 14 %, un résultat significativement inférieur à ceux des élèves dont un seul parent est né au Canada (27 %) ou dont les deux parents sont nés au Canada (28 %).

Il ressort également de l’enquête que les jeunes du secondaire dont aucun parent n’a obtenu un diplôme d’études secondaires (DES) ont consommé de la drogue dans une plus grande proportion que les autres élèves. Parmi ces élèves, environ 35 % ont consommé au moins un type de drogue dans les 12 derniers mois, comparativement à 32 % de ceux dont au moins un parent a obtenu ce diplôme et 25 % de ceux dont au moins un parent a atteint le niveau des études collégiales ou universitaires.

Les données recueillies quant à la perception de la situation financière des élèves révèlent que ceux qui se considèrent moins à l’aise sont aussi les plus nombreux, en proportion, à avoir consommé de la drogue au cours des 12 derniers mois. C’est environ le tiers d’entre eux (32 %) qui l’ont fait, comparativement à 24 % des élèves qui se disent aussi à l’aise et à 26 % des élèves qui se trouvent plus à l’aise sur ce plan.


Comportements sexuels à risque

Autre constat : plus du tiers des jeunes du secondaire de 14 ans et plus sont actifs sexuellement. Parmi ce nombre, 68 % avait utilisé un condom lors de leur dernière relation vaginale, mais seulement 51 % lors de leur dernière relation anale (6 % des adolescents ont eu au moins une relation anale au cours de leur vie). Trois adolescents sexuellement actifs sur dix ont eu des relations avec 3 partenaires ou plus au cours de leur vie, ce qui peut être considéré comme un « marqueur de comportements sexuels à risque ». En 2010, la prévalence de deux infections transmises sexuellement et par le sang (chlamydia et gonorrhée) étaient en hausse chez les jeunes de 15 à 24 ans, rapporte le Ministère de la Santé.

Plus l'âge avance, moins les jeunes Québécois utilisent de condoms

La proportion d’élèves ayant alors utilisé un condom diminue de 83 % en 1re et 2e secondaire à 62 % en 5e secondaire. On observe la même diminution chez les garçons et chez les filles. Toutes proportions gardées, il y a plus d’élèves qui déclarent avoir utilisé un condom lors de leur dernière relation anale en 1re et 2e secondaire (59 %) qu’en 5e secondaire (44 %). Aucune différence significative n’a été constatée selon le niveau scolaire et le sexe.


Promiscuité liée à pauvreté, famille décomposée, faible scolarisation des parents

Il y a, en proportion, significativement moins d’élèves qui ont déjà eu des relations sexuelles consensuelles parmi ceux vivant avec leurs deux parents biologiques ou adoptifs (famille biparentale) (32 %) qu’au sein de tous les autres types de famille.

On remarque également que la proportion la plus élevée d’élèves disant avoir déjà eu des relations sexuelles consensuelles se trouve dans le type de famille « autres » (58 %). Le type de famille « autres » englobe des jeunes qui habitent avec un tuteur ou une tutrice ou dans une famille ou un foyer d’accueil ou encore seul ou en colocation, etc.

La proportion d’élèves ayant déjà eu des relations sexuelles consensuelles est plus faible chez ceux qui se classent au premier quintile, soit « très favorisé » (33 %).


Profil commun aux comportement à risques

La prévalence des relations sexuelles consensuelles (orales, vaginales ou anales) chez les élèves du secondaire de 14 ans et plus est associée à certains comportements à risque, comme le tabagisme, et à différents indicateurs sur la consommation d’alcool ou de drogue.


Quelques chiffres

— 70 % des jeunes du secondaire ne font pas suffisamment d'activité physique

— 67 % des jeunes ne mangent pas le nombre minimum de portions de fruits et de légumes recommandées

— 32 % des jeunes du secondaire n'ont pas utilisé de condom lors de leur dernière relation sexuelle

— 25 % des élèves du secondaire ont déjà consommé du cannabis

— 21 % des élèves ont un surplus de poids

— 11 % sont fumeurs





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1 commentaire:

Le Saguenéen a dit…

"(à l'exception des écoles amérindiennes et esquimaudes des Terres-Cries-de-la-Baie-James et du Nunavik)"

On comprend pourquoi, les chiffres seraient encore *PIRES*.